Les poètes de Recipro rendent hommage aux poètes du XXème sicècle
L'édition 2016 du printemps des poètes met à l'honneur les poètes du XXème siècle. L'atelier Poésie a travaillé à partir du poème le plus court de la littérature française :Et l’unique cordeau des trompettes marines de Guillaume Apollinaire. Vous pourrez retrouver les poètes de Récipro lors du récital organisé par la médiathèque de Chelles le 9 mars à partir de 19 heures. Venez les encourager
L'exil
Tout le long des chemins envahis de poussière
Ils vont en espérant sortir de cet enfer
La guerre, la faim les poussent hors de chez eux
Seul l’espoir aujourd’hui les éloigne de ces lieux
Ils ont abandonnés maison et puis famille
Tout le long du chemin, s’étire cette longue file
Vieillards, femmes, enfants en quête d’un asile
Douleurs et puis fatigue qui dans leurs corps oscillent
Ils sont venus de loin de sur la mer hostile
Saignés par des passeurs voleurs mais habiles
Certain y ont laissé la vie finit le rêve
Le flot poussant leurs corps les jette sur la grève
Les coquilles de noix qui flottent à l’envers
Abandonnées au vent en criant leur colère
Tombeaux flottants au loin escadrille de mort
Funérailles de ces peuples, misère que j’abhorre
Ces hommes et ces femmes habitants de la terre
Méritent-t-ils vraiment tout ce lot de souffrance
Quand arriverons-nous loin de l’indifférence
A partager les biens, qu’il n’y ait plus de guerre
SIMONNE FEVRIER 2016
Le radeau de l’espoir
Et l’unique cordeau des trompettes marines*
Sanglote dans le brouillard sur la yole clandestine.
Hagardes, elles fuient leur pays, ballotées par les flots
Dans la nuit de l’oubli, elles serrent leur angelot.
Et jettent par-dessus bord, leurs oripeaux qu’elles brisent.
Le chant aigre des trompettes, annonce la terre promise
Loin des fous du prophète, machine à tuer humaine
Qui dans leur barbarie, les enlèvent par centaines.
Déjà elles se voient sur la terre des hippies
Là où l’amour guerroie avec des fleurs fusils
Là où la clé de sol, par la douceur bercée
Des accents de guitare, enchante le gynécée.
Au rythme cadencé, des marins à la rame
Le radeau de l’espoir, les emporte loin des drames.
Mireille HEROS – janvier 2016
*Vers emprunté à Guillaume Apollinaire
Vent du présent
Nuages sombres et noirs, masque d’humeur chagrine
Et l’unique cordeau des trompettes marines
Résume à lui seul le climat de ces jours.
L’univers se fait froid tendu comme un tambour.
Quel est ce monde où nous survivons à présent ?
Vraiment déboussolé, tout empli de tourments.
Frère réveille-toi, n’oublie pas d’où tu viens.
Marche droit ton chemin sur les pas des anciens .
Sois libre de penser, de suivre et d’admirer
Les choses de la vie si belles sans atours.
Les rumeurs en hauts lieux ne sont que vains discours.
Toi, Homme de demain, ne plie pas sous le joug
De l’uniformité, garde ton jugement,
Essaime les idées sous le vent du présent.
Marie-Claude janvier 2016
Chanterelle
Un vers apollinien sur un ton dionysiaque
Le brouillard cotonneux est bien dur à percer
L’esprit se sent piégé par ces idées opaques
Le novateur d’hier reste aussi insensé
Poète halluciné accompagnant son chant
D’étranges instruments empreints d’obscurité
Au nom mystérieux, à corde et non à vent,
Rythmant les désirs fous du sage révol
L’âme qui les unit s’est donné le beau rôle
*Et l’unique cordeau des trompettes marines
Reposant sur son chien vibre, dès que le frôlent
Les doigts dont la caresse a des senteurs salines.
La vibration s’élève en entrouvrant les portes
D’un monde différent où libre est la pensée
Volant sur des archets son œuvre nous transporte
Sensible dans l’aigu vers ses amours blessées.
De leur caisse de bois monte un son harmonique
A l’image du chantre à la voix pure et rare
Qui exalte son art par des accents lyriques
Où la valeur du rêve arbore un étendard.
Béatrice
La chanterelle de guillaume Apollinaire
Sous le titre de Chantre, Guillaume APOLLINAIRE
Nous a laissé, un jour, une phrase dilemme :
De la langue française, le plus court des poèmes !
Mais que nous offrait-il avec tant de mystère ?
« Et l’unique cordeau des trompettes marines… »
Voici la phrase, enfin, qu’il nous faut déchiffrer !
Je cours vers le Robert pour en trouver la clef :
Il nous dit que se sont de bien étranges machines !
Sont-elles violon, alto, violoncelle ou guitare,
Elles ne s’accordent pas du souffle de l’humain.
Le cordeau ne frémit que par jeu de la main.
C’est une corde fine qui donne un son criard.
Elle a nom chanterelle, et c’est tout un programme !
Oublions vivement les mots du dictionnaire !
A l’appel des trompettes, allons prendre la mer !
Avec toi, cher Poète, nous hissons la grand-voile !
Francîne QUIROGA
Samedi 6 février 2016