A Victor par Annie Leroy
Ah, mon dieu, mon pauvre Victor
Peux-tu imaginer le sort
De ces malheureux habitants
D’un lieu parcouru en son temps
Entre le bourg et la rivière
Près du Moulin, des cressonnières :
A Chelles, souviens-toi, Victor,
De son charme, de son décor !
Las, le temps est passé par là
Et tu ne reconnaîtrais pas
« Chelles, bourg dévot et coquet »
Banlieue surpeuplée, désormais,
Où s’entassent mille maisons !
Le croirais-tu ? C’est le béton
Qui a dévoré la campagne
Entre la gare et la Montagne.
Envolées les blanches meunières,
Leurs moulins, détruits sans manières ;
Plus de bergères, de troupeaux,
Pâturages municipaux.
Aujourd’hui, l’urbanisation
Domine la population
Qui chemine, le pas pressé
Et le regard cadenassé.
Mais, Victor, si tu te promènes
Lentement, si tes pas te mènent
En bord de Marne, loin du centre,
Rassure-toi ! Là, se concentre,
Paysages souvent vantés,
Douceur, rêveries et beauté.
Là, git le souvenir ému
Du moulin que tu as connu.
Je m’y rends, souvent, le dimanche ;
Foule les berges et je me penche
Sur l’herbe folle, sur les fleurs :
Celles qui calment les douleurs…
Annie Leroy, le 22/11/2020