Le bal de Cendrillon par Annie Leroy
Le soir du grand bal, la bonne marraine
Qui avait longtemps travaillé chez DIOR
Fit de deux chiffons une robe à traine
D’un goût infini toute brodée d’or.
Eperdue de bonheur, CENDRILLON s’en para,
Belle comme le jour. Marraine lui prêta
Tous ses plus beaux bijoux ainsi que ses souliers ;
Le jeunette riait : « Marraine, soit remerciée ! »
« Un instant ma petite, pour vivre l’aventure
Et te rendre au château, il te faut une voiture ;
Passe-moi mon portable, je fais un numéro :
Je voudrais un taxi pour Richelieu-Drouot !
A l’instant ? Ma chérie, il te faut y aller
Car le Prince Charmant, tu devras rencontrer »…
Quand CENDRILLON entra dans la salle de bal,
Tout le monde dansait, sur un air syncopal.
Personne ne la vit, malgré ses beaux atours :
Nul regard ; nul sourire de ces gens de la Cour.
Quand elle s’approcha du Prince de ces lieux
Elle resta hagarde, n’en croyant pas ses yeux !
Prince, son Beau Prince, se pâmait dans les bras
D’un jeune jouvenceau (qui n’était pas castrat !)
CENDRILLON, désolée, s’enfuit tout aussitôt.
Arrivant dans la rue, en cherchant une auto,
Se glisse dans la foule qui manifestait,
Encadrée par les flics, qui couraient, qui sifflaient.
En pleurs, son fard coulant, cernée par des patrouilles.
L’aube pointait lorsqu’étouffant ses sanglots
Elle téléphona, de Richelieu-Drouot,
A sa marraine : « Ah, ma chère, ta magouille
N’a pas pu fonctionner. Le Prince de mes rêves
Hélas, ne goûte pas beaucoup les filles d’Eve…
Ce n’est pas aujourd’hui que je me marierai !
Près de mon cher foyer, je me réfugierai ! »
C’est ainsi que, depuis, on nomme « cendrillon »
Toute fille montrant l’allure de souillon.
(Annie Leroy, le 4/02/2021)