Quand Marie …par Marie-Claude Antoine
Quand Marie jouait c’était très sérieux
Présidant en maitre debout en ces lieux
Poupées et doudous, mis au garde à vous
En rang sur le lit, devant leur nounou
Qui, d’autorité donnait des devoirs.
En main son cahier plein de gribouillis,
Grondait celui-là, flattait celui-ci,
Poisson favori toujours faire-valoir
Quand à la souris pauvre mal aimée …
Quand Marie jouait.
Quand Marie sortait c’était à Paris
Les quais de la Seine avec sa Mamie.
On allait manger comme les clochards
Et boire au goulot comme bambochards
N’exagérons pas, ce n’est que de l’eau.
On s’assied par terre au pied d’un platane
Et dans ses racines, qui forment cabane,
Le sandwich en main tout nous semble beau
Quant Marie sortait.
Quand Marie vannait toute déguisée
Robe de princesse, diadème de fée,
Des colliers de perles et des bagues en or
Sortis des coffrets emplis de trésors
La mine réjouie, ses beaux yeux brillaient.
En un port de reine jouait de sa traîne
Le geste précieux fort belle et hautaine
L’univers entier lui appartenait.
Quand Marie vannait.
Quand Marie chantait, son air favori,
Me tenant la main, dans son petit lit
La consigne était que pour le refrain
Je devais bruiter en prenant bien soin
D’imiter le lion « qui est mort ce soir ».
Les sons s’envolaient dans la discordance,
Sur de fausses notes perdant la cadence.
Et l’on reprenait cette histoire sans fin
Quand Marie chantait.
Mais le jour venait où Marie partait
Assez loin d’ici. Alors reprenait
Le cours de la vie, un peu défleuri,
Calme et doux, surtout sans espièglerie.
Train train coutumier, la maison s’endort,
Dans de jolis rêves où sont murmurés
Ces quelques accords à deux voix chantés
Quand le soir venu « le vieux lion est mort »
Et dans la savane ….
Marie-Claude 14 mai 2021 –
jeux poétiques avec Verlaine et les Poèmes Saturniens
Marco est le poème de référence.