L'île déserte du Pacifique - Claudine Blocquet
Un jour que je déprimais au cours de ma vie active, me voyant sans goût pour rien, mon chef de service m'a pris dans son bureau et m'a demandé : si on vous envoyait sur une île déserte qu'emporteriez vous ? – Et là mon intérêt c’est tout de suite porté sur l’écriture : du papier, des crayons noirs, un taille crayons, une gomme et des dictionnaires, genre : langue française, synonymes, rimes et analogies, sans oublier un canif. Il était étonné car à d'autres personnes à qui il avait posé la même question avaient répondu : une radio. Mais moi aussi j’étais surprise de cette autre réponse car il n'y a pas de station radio sur une île déserte. Enfin bon !
Quand j'ai pris ma retraite, j’ai pensé tout d’abord à m'inscrire à un atelier d’écriture là encore j’avais un besoin de m'exprimer pour cette nouvelle vie qui m'arrivait.
En route ne perdons pas de vue nos objectifs, premièrement celui de remplir mon bagage cabine, et deuxièmement quoi faire sur l’île déserte du Pacifique.
Bien sûr les dictionnaires ne seraient pas chacun très gros, à moi de les compléter sur mes papiers par des néologismes que je créerais à mon point de chute. Et si je n’ai plus de quoi écrire je graverai mes idées sur les arbres avec mon couteau ainsi je signerai mon passage dans cette île qui n'aura pas toujours été déserte. Mais aussi il me vient quelque chose d'autre d'indispensable : c'est un petit nécessaire de couture avec des aiguilles à tricoter et j'ajouterais 4/5 pelotes de coton. Je ferai comme Pénélope je tricoterai et détricoterai mon ouvrage pour refaire des points différents à chaque fois. En faite comme bagage que je ne dois pas oublier c’est ma tête, elle sera une bonne ressource à l’endroit même .
Débarquer sur l’île déserte du Pacifique c'est s'attendre à avoir du soleil et de vivre au grand air. Avec mon canif je pourrai manger des fruits que je cueillerai. Mais attention à ceux que je ne connais pas ? Alors il ne faudra pas que je parte sans un livre sur la connaissance des arbres fruitiers comestibles. De toutes façons on me déposera avec des vivres pour quelques mois, donc moins de questions se posent.
Pour vivre seule loin de la civilisation c’est apprendre à créer. Ne plus être des automates qui suivent le rythme de la vie quotidienne, c’est renaître une seconde fois à des expériences nouvelles : lesquelles ?
Bien sûr je pars avec des acquis, il me faudra en oublier certains et en découvrir d'autres ?
Merci pour cette décision drastique ! Vive la vie !
Claudine B.
Le 30 mars 2020