Le cadavre exquis s’invite à la poésie
Ce jeu d’écriture inventé en 1925 par Jacques Prévert et Yves Tanguy , consiste à faire écrire une phrase ou un vers par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne connaissent ce qui a été écrit précédemment. Annie Rouault utilise très souvent ce jeu qui suscite l’imagination et consiste également à bien plier les feuilles (et c’est souvent là que ça se corse). C’est de l’écriture aléatoire.
Poèmes collectifs à partir de ce jeu, composés le 30 janvier dernier
Les arbres se plient aux caprices de la photo
Les gens se pressent autour d’elle
Chaque jour, elle s’agite
Elle roucoule en douceur
Sous un ciel, pas complètement d’azur
Le soleil couchant
Comme un poisson dans l’eau
Le long du fleuve
Attend le marchand de sable
La musique des rues entonne
A nouveau : mélangez vos lettres
Prendre le chemin de la plage
Attention à la beauté
Les paillettes s’habillent de lumière
Inondent les vallées et chauffent les fontaines
La Marne a de la chance
Elle se la file douce
Son eau tranquille
Charme les voyageurs
A marée basse
Plouf ! Arrêt brutal
Elle ne veut plus faire peur aux oiseau
Un rayon de soleil jaillit
L’offrir à l’Aquilon
Et comme lui vous pleurez
L’artifice tire un feu
Au rythme des guinguettes
Il arrive du versant
Repousse la branche
Ne pas se soucier des grandes villes
Six heures dans un sens, six heures dans l’autre
Pour faire croire que tout va bien
Dans la bourrasque.
Aller en Bretagne c’est facile
Les barques se reposent à l’ombre
Révolte des épouvantails
Qui vont et viennent sur le rivage
Dans chaque goutte d’eau
Vénus s’enroule dans ses voiles
Qui sinuent en cadence
En passant par Chambord
Ses verts profonds et ses lumières
Non d’abord s’éloigner du monde moderne
Alors prenez l’autoroute.
Tout est calme, trop calme
Et clic et clac, belle photo
Pour éclairer de ses reflets
Vos yeux s’embrument
Et la nature chante une ode au soleil
Dans un méandre
Ce château de toute sa grâce, salue le pêcheur
Ecoutez les paroles des uns
Ecoutez les oiseaux chanter
Puis prenez l’autoroute
L’eau coule à flots.
Nature et chapeau de paille
Mais pour la marée, c’est une autre histoire
Les poissons font des ronds dans l’eau
Ils ne veulent plus faire peur aux oiseaux
Varechs, goémons, vermisseaux
Et comme eux pleurez
Assemblez des lettres
Passez sous le pont du moulin
Chaque jour
Les paroles des uns
Sont la chance de la Marne.
Au bord des berges claires
Rêvez sur un banc
Vous finirez bien par trouver une plage
La photo ne sera pas floue
Le vent souffle dans les haillons
Les coudes enfoncés dans le sable
La lune chassée d’un coup
Explose en mille couleurs
Du moulin de Monsieur Menier
La loire a de la chance
La Loire a des reflets d’or et d’argent
Jamais elle ne se fâche
Pour le retour du soleil
Mais on peut geler sur pied
Je suis à la dérive
Attention à la beauté
Elle saute et danse joyeusement
Le soleil revient timidement
Et attend les «j’aime »
Sur le pont de Nogent
Avec sa belle robe verte.
La fougue des flots nous fait chavirer
Elle n’a pas de traces
Sous les ponts qui la coiffent
Le mois de mars rend fou
Si les trains ne sont pas en grève
En ayant la tête dans les nuages
Il verra la sarabande
Il lui faudra recommencer
En claquant les volets de peur
Et fera un selfe
Sur les canots qui voguent.
Là commence le rêve
Sur l’eau, elles vont danser
Dans des bras sinueux
Traverser la vallée
Elle se font sirènes
Pour éclairer une belle journée
Un petit verre de calvados sur le comptoir
Et moi, je coule
Sortir son appareil photo
Oublier de le déclencher
Pour capter l’image de l’amour.
Annie Barnetch, Claudine Blocquet, Muguette Chaussé, Mireille Héros, Simonne Jullian,Annie Leroy, Francine Quiroga, Raymonde Rodriguez, Annie Rouault, Pascal Thiolon,