Supplique d'un de mes colocataires par Annie Leroy
Bonjour ma chérie ! Eh bien, ce matin, ma tâche ne sera pas facile !!! Oh, remarque bien, avec toi, je galère tous les jours. Oui, tous les jours ! Sans aucune exception.
Regarde-toi dans le miroir de la salle de bain, situé au-dessus de la tablette où je me tiens tapis, couché entre deux brosses rondes en poils de sanglier.
Tu vois les misérables mèches folles de ta tignasse grise, emmêlées et dressées sur ton crâne ? Ah la la, quel spectacle matinal affligeant, de nature à te décourager d’entamer une journée que tu voudrais victorieuse, mais qui s’annonce mal pour exercer ma prestation. J’en ai mal aux dents d’avance !
Et toi, l’œil torve, mi-clos, d’une main malhabile, tu m’étreins par le milieu du corps (Doucement ! Tu me fais mal !) et, brutalement, tu m’intimes l’ordre d’apporter un semblant d’ordre dans ce chaos d’origine nocturne.
Ah, comme tu as dû te tourner et te retourner dans ton lit, la nuit dernière, en tentant de fuir le déroulement d’un terrible cauchemar. Tu devrais faire attention : avec leur finesse et leur fragilité, tes pauvres cheveux, si clairsemés, ne résisteront pas à ces frottements violents et répétés.
Bon, je reprends mon travail. J’avoue que mes efforts ne sont guère couronnés de succès. L’ennemi historique – la Ligue des Epis – s’oppose à ma victoire.
Voyons, ma belle, appelle à la rescousse les forces alliées ! Fouille dans tes réserves et fais intervenir une crème, un baume, coiffants ; un spray quelconque, que diable ! Ca y est ? Bof… On dirait que le remède est pire que le mal…
Tant pis, pour ce matin, je renonce !
Signé : TONPEIGNE Adam.
(Annie Leroy, le 27/01/2021)