Réponse à la porte de Francis Ponge par Marie-Claude Antoine
Suis très sensible à tant d’éloges auxquels je ne m’attendais point.
De nos jours, moi, la porte palière, semblable à mes voisines, ne puis espérer susciter tel attachement, pourtant, en raison de l’insécurité régnante, on m’a dotée de bien des atours.
Si je suis austère, vue du paillasson, le suis moins côté intérieur. Bardée d’une armure métallique joliment recouverte d’une parure de chêne clair et portant à ma poignée une gourmette dorée du plus bel effet j’ai fière allure.
N’entre pas qui veut, un coup d’œil est jeté par le judas dont la petite médaille de bronze cliquette discrètement. Si le visiteur est inconnu je ne fais que m’entrouvrir bloquée par l’entrebâilleur.
Bien sûr je ne puis me targuer d’éveiller des sentiments aussi puissants que ceux que vous éprouviez avec les portes d’antan, mais, comme elles, je demeure la gardienne de mes hôtes.
Marie-Claude Antoine 12 janvier 2021